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Comprendre ses peurs pour mieux les gérer

Un des psychologues cliniciens de l’association a rédigé cet article

Confinement : Comprendre ses peurs pour mieux les gérer

Face à une situation de crise, la peur est un moyen de défense utile pour se protéger et s’adapter à une situation de danger imminent. On ne sait pas quoi faire, ni quoi penser. On est perdu, sans aucun repère. En plus, il faut rester confiné ; cette injonction génère de la peur alors qu’il s’agit de nous protéger. On s’imagine des scénarii en se focalisant sur le danger pouvant venir de l’extérieur sans en trouver d’issue.

Une situation inhabituelle

En effet, rien de plus déstabilisant qu’une crise exceptionnelle ayant nécessité un état d’urgence sanitaire. On se sent démuni. Il est impossible de se projeter, ce qui provoque toute une série de réactions physiologiques telles que l’augmentation du rythme cardiaque, l’augmentation du rythme respiratoire, les bouffées de chaleur… Les repères habituels volent en éclat et cela nous rend vulnérables. Pour qu’elle soit utile, la peur doit être ponctuelle et modérée.

Des troubles mentaux en perspective

La peur peut se transformer en état d’anxiété avec des symptômes comme l’irritabilité, la nervosité, le pessimisme, le sentiment d’être à bout, la fatigue, les difficultés de concentration ou de mémorisation, les douleurs et tensions musculaires, les insomnies, les maux de tête, la gorge serrée, et d’autres signaux qui doivent nous alerter. Ces désagréments nous plongent dans l’attente d’un danger imminent. Il s’agit alors d’une peur irraisonnée et son objet est difficile à déterminer. En d’autres termes, nous avons peur ; mais nous ne savons pas de quoi exactement. Un tel état peut être le début d’une dépression, d’un syndrome de stress post traumatique ou d’une anxiété chronique.

Peut-on la gérer ?

En cette période de confinement, l’intensité de la peur est inhabituelle et sa durée incertaine. Nous sommes face à des peurs majeures de l’être humain : l’état de nos finances prochaines (la perte d’emploi), l’avenir de nos enfants, la mort (le virus tue). Sans aucune visibilité quant à la durée de cette période, l’ennui devient notre pire ennemi. Plus que jamais nous sommes perdus.

Une des particularités de la peur est qu’elle se partage au sein de la famille. Il faut pouvoir s’en protéger et en protéger les autres. Nous sommes tous logés à des enseignes différentes en ce qui concerne la gestion des émotions. Néanmoins, il est toujours possible de trouver un refuge rassurant en plus d’être dans un espace qu’on maîtrise, le domicile. Il s’agit de trouver des repères et des sensations apaisantes.

  • Les émotions positives reviennent en se remémorant et en partageant des souvenirs heureux, avec photos ou films à l’appui, pour éviter un climat d’irritabilité permanente. Ainsi, on retrouve le sentiment de quiétude familiale et de protection mutuelle.
  • Comme pour l’enfant, les règles rassurent l’adulte, de la même manière que les repères stables. Alors, l’instauration d’une routine rigoureuse évite de rester submergé par les peurs qui naissent de la situation exceptionnelle du confinement. Cette routine peut s’organiser de différentes manières pour la semaine et le weekend. Comme par exemple, l’heure du réveil et du coucher pourrait être fixée et maintenue plus ou moins à l’identique selon qu’on soit en période scolaire, le week-end ou en vacances. Lorsque les enfants sont trop agités, mettre en place des temps calmes tous les jours où chacun se retrouve avec soi-même, y compris les parents.

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La peur est une réaction normale en ce temps de confinement, mais il faut éviter de céder à la panique. Celle-ci engendre des réactions violentes, disproportionnées et inadaptées que l’on soit seul, en couple sans enfant, en couple avec enfant ou seul avec enfant. Modérée et ponctuelle, la peur est une bonne défense qui nous protège. La panique, quant à elle, a un effet anéantissant et soustrait de tout lien.

Camille DOSSOU, Psychologue Clinicien et Ethnopsychologue, Espace Droit Famille, avril 2020

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